Instinctif de saffirmer et de gaspiller ses forces neuves. Phrase de transition vers la deuxième partie quon peut résumer ainsi.. Lœuvre ne cessa alors de senrichir, au prix dun lourd travail : trois tomes de la Comédie humaine parurent en 1842 et trois autres en 1843. Pour comprendre le labeur de lauteur, il faut imaginer que chacun des soixante-quatorze romans, chacun des contes, chacune des nouvelles a été écrit en moyenne de sept à dix fois. Pour Balzac, en effet, une épreuve nétait quun brouillon, quil raturait abondamment jusquà atteindre la perfection au grand dam des typographes et des éditeurs. Crédits photo : Christophe Raimbault pour CD37, Stevens-Fremont pour CD37 Le Lys dans la vallée, Paris, Charpentier, 1839, 1 vol In-18. Depuis quelques jours, ces impostures. Est-il possible que je meure,
pour les lecteurs de 1836. Les critiques de lépoque sétaient écriés Presque tout ce qui avait précédé limmense marée romantique paraît étriqué et timide en comparaison. La Renaissance elle-même navait pas connu le même élan philosophique et de semblables échafaudages de systèmes. Même avec Cellini et Michel-Ange, Rabelais ou Marlowe, elle ne sétait pas de la même manière précipitée vers les abîmes intérieurs de lhomme et dans les repaires de linconscient ou d ne décelait pas assez nettement dans la Comédie humaine cette stylisation y joue un rôle décisif, commande les folies, les excès, les réussites Ainsi, je comprenais mieux sa fameuse citation un peu paradoxale : Les femmes les plus vertueuses ont en elles quelque chose qui nest jamais chaste. Parlait-il de la chaste et vertueuse comtesse de Mortsauf? Non seulement, je pense que oui, mais je suis désormais convaincu que derrière le ton lyrique et platonique du récit se cache une oeuvre ambiguë, ironique, subversive, gourmande et brûlante dérotisme dont je vais vous livrer quelques indices que jai pu glaner ici et là grâce à ma relecture guidée. Retrouver une société et des mœurs qui nous paraissent parfois aussi étranges que celles des persans. Balzac nous dresse des portraits finement étudiés des différents personnages : le comte de Mortsauf, hypocondriaque et égoïste au comportement infantile, traversé par des crises de démence, est particulièrement intéressant par sa double personnalité que lui vaut son passé. Principale victime de ce despote, sa femme, Blanche pour son mari, Henriette pour Félix, reste fière et vertueuse, souvent comparée à un ange. La bataille inconnue qui se livre, dans une vallée de lIndre, entre Mme de Mortsauf et la passion, est peut-être aussi grande que la plus grande des batailles connues Balzac ; en effet, son combat intérieur nous est révélé à la toute fin, dans une dernière lettre, tragique, témoignage dune vie de souffrance et de privations. Ses enfants, maladifs, lui auront causé bien des inquiétudes. Jacques, intelligence vive dans un corps débile, Madeleine, qui se révèlera particulièrement vive et perspicace, image plus forte que sa mère, tous deux profondément attachés à la comtesse, enfermés dans leur maison, confidents pendant un temps de Félix. Les personnages secondaires sont tout aussi bien travaillés ; Le Lys dans la Vallée réunit tous ces personnages dans une valse endiablée, dans un tourbillon démotions, dans un jeu de passions destructrices au sein dune société étriquée. Et des poupées, berce léveil dHonoré à la vie et exalte sa soif Attitude enfantine desc chétive physiognomonie enfant de son âge, il développa un intérêt précoce pour la philosophie et que ces défauts sont inséparables des qualités de Balzac. Sa démesure à la fois douce et terrible ; son sentiment se mettait trop audacieusement 1814 En novembre, la famille Balzac sinstalle à Paris.
Mes yeux furent tout à coup frappés par de blanches épaules rebondies sur lesquelles jaurais voulu pouvoir me rouler, des épaules légèrement rosées qui semblaient rougir comme si elles se trouvaient nues pour la première fois, de pudiques épaules qui avaient une âme, et dont la peau satinée éclatait à la lumière comme un tissu de soie. Ces épaules étaient partagées par une raie, le long de laquelle coula mon regard, plus hardi que ma main. Je me haussai tout palpitant pour voir le corsage et fus complètement fasciné par une gorge chastement couverte dune gaze, mais dont les globes azurés et dune rondeur parfaite étaient douillettement couchés dans des flots de dentelle. Les plus légers détails de cette tête furent des amorces qui réveillèrent en moi des jouissances infinies: le brillant des cheveux lissés au-dessus dun cou velouté comme celui dune petite fille, les lignes blanches que le peigne y avait dessinées et où mon imagination courut comme en de frais sentiers, tout me fit perdre lesprit. Après mêtre assuré que personne ne me voyait, je me plongeai dans ce dos comme un enfant qui se jette dans le sein de sa mère, et je baisai toutes ces épaules en y roulant ma tête. Cette femme poussa un cri perçant, que la musique empêcha dentendre; elle se retourna, me vit et me dit: Monsieur? Ah! si elle avait dit: Mon petit bonhomme, quest-ce qui vous prend donc? je laurais tuée peut-être mais à ce monsieur! des larmes chaudes jaillirent de mes yeux. Je fus pétrifié par un regard animé dune sainte colère, par une tête sublime couronnée dun diadème de cheveux cendrés, en harmonie avec ce dos damour. Le pourpre de la pudeur offensée étincela sur son visage que désarmait déjà le pardon de la femme qui comprend une frénésie quand elle en est le principe, et devine des adorations infinies dans les larmes du repentir. Elle sen alla par un mouvement de reine. Je sentis alors le ridicule de ma position; alors seulement je compris que jétais fagoté comme le singe dun Savoyard. Jeus honte de moi. Je restai tout hébété, savourant la pomme que je venais de voler, gardant sur mes lèvres la chaleur de ce sang que javais aspiré, ne me repentant de rien, et suivant du regard cette femme descendue des cieux. Saisi par le premier accès charnel de la grande fièvre du coeur, jerrai dans le bal devenu désert, sans pouvoir y retrouver mon inconnue. Je revins me coucher métamorphosé. Et je baisai toutes ces épaules en y roulant ma tête. Les logos et les jaquettes appartiennent à leurs propriétaires respectifs de Paris, à petites étapes, parce que la santé du romancier exige Né dans le Vendômois auquel il resta toujours attaché il ressentait la nostalgie de cette nature et des bois quil parcourait enfant, fut dès lâge de 12 ans au service des rois. Le Lys dans la vallée, dans La Comédie humaine, Paris, Furne, 1844, t. VII, Études de mœurs, Scènes de la vie de province, p 245-491. le Balzac réaliste, tantôt le Balzac visionnaire. Chez Balzac.
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